Guinaifen

Une habitante de l'extérieur qui s'est retrouvée à vivre à Xianzhou par un coup du hasard. Aujourd'hui, elle est une artiste de rue passionnée et pleine de fougue.
Son vrai nom est en réalité Guenièvre, Guinaifen étant le nom que lui a donné Sushang, son amie proche.
Devant s'adapter à une nouvelle vie sur le Luofu et étant passionnée de la culture de Xianzhou, Guinaifen n'a pas tardé à acquérir les compétences lui permettant de gagner sa vie : manger des nouilles la tête à l'envers, briser de grosses dalles de pierre sur la poitrine des autres, attraper des projectiles à mains nues...

Salut, salut ! Vous m'entendez ? Bonsoir à vous, les amis ! Bienvenue sur le stream de Guigui !

Merci BigFleur_49886 pour le sub ! « Guigui, ça fait plus de deux semaines que t'as pas fait de live. Tu comptes délaisser le stream ? ». Pas du tout ! C'est juste que je suis pas mal occupée IRL ces jours-ci, donc j'ai pas pu faire de stream pendant un moment. Désolée ! Je suis tombée sur des trucs assez intéressants ces jours-ci, je vous en parlerai à l'occasion.

Comme le titre du stream l'indique, c'est soirée musicale aujourd'hui ! Guigui va vous chanter des chansons folkloriques de Xianzhou !

En gros, je trouve que les acrobaties passent mieux hors ligne, donc je vais essayer de vous streamer de la musique traditionnelle. On va dire que c'est une expérience, pour aujourd'hui ! Si ça vous plaît, n'oubliez pas de lâcher un pouce bleu, de vous abonner et de partager ! Et si vous envoyez un cadeau ou un sub, vous serez automatiquement inscrit à un tirage au sort de ce stream !

Merci Guinai_f4nzouze pour le sub ! « J'adore regarder tous tes streams, Guigui. » Ma petite beauté, tu régales ! T'as intérêt à rester avec moi jusqu'à la fin du live de ce soir ! Gros poutou sur toi !

*tousse*... Attendez, je vais régler le son... Un, deux, trois, nous irons au bois... C'est bon ! Et maintenant, c'est parti pour quelques exercices vocaux. C'est moi qui ai écrit tous les vers de la chanson que vous allez entendre ce soir !

...

Allée des Aurums, après tout ce temps, me revoilà  ! Quelle surprise, tout a changé là-bas !
Certains lieux sont entièrement rénovés, d'autres sont comme dans les jours passés.
Tous les voisins sont en bonne santé, les gens du village ont le visage ensoleillé.
Venez écouter le son de mes castagnettes, venez vous réjouir de la musique qui résonne en fête !
Faites du bruit, il nous faut plus de viewers ! Lancez-moi vos strales, l'argent fait mon bonheur !
Car aujourd'hui, nous ne chanterons point l'héroïsme du Seigneur de la foudre ou de l'Archer de la destinée.
C'est l'histoire de Guigui, la fille guillerette des Aurums que nous allons raconter !

...

Enfant, Guenièvre n'avait pour seul monde que la demeure du Protecteur du royaume et les rues pleines de vie qui s'étendaient au-delà de ses portes.

Ses enseignants lui avaient dit que sa famille avait une longue et remarquable histoire, et que rien que cette demeure existait depuis déjà plusieurs ères de l'Ambre. Malgré ça, les pierres qui la composent ne semblaient pas avoir été affectées par le temps. Étant donné qu'elle avait été érigée de manière à faire fi des lois du temps et de l'espace, elle protégeait depuis toujours cette famille en y préservant une paix et une joie éternelles.

Le père de Guenièvre formait ses deux frères aînés et sa grande sœur à la politique. Il désirait remettre le futur de cette planète entre leurs mains. Quant à Guenièvre et ses cadets... Leur père n'avait pour seul souhait qu'ils puissent avoir une vie sereine et heureuse dans ce havre de paix paradisiaque.

Guenièvre avait un amour profond pour son père. Lorsqu'il se confrontait à ses adversaires politiques, il était aussi terrifiant qu'un python, mais quand il était avec ses filles, il ressemblait à un grand et chaleureux lièvre de montagne.

Elle se souvient que son père faisait tout pour elle. Il allait même jusqu'à jouer le rôle de l'esprit de la terre se faisant terrasser par Guenièvre, la grande héroïne, lors de la fête d'anniversaire de sa fille, sachant qu'il n'était pas rare que les ennemis politiques des nobles soient eux aussi présents aux fêtes d'anniversaires de leurs enfants. Pourtant, le père de Guenièvre n'avait pas peur de se tourner en ridicule tant que sa fille pouvait être heureuse.

Plus tard, Guenièvre grandit un peu. Elle commença à entendre des bruits de couloir : son père aurait fait du roi son pantin, persécuté d'honnêtes gens de la cour et amassé des richesses à n'en plus finir... Elle voulait croire que ce n'était là que des mensonges propagés par des adversaires politiques, et pourtant, elle savait que certaines de ces rumeurs n'étaient pas infondées.

Cependant, il ne fallut pas longtemps avant que ces préoccupations n'aient plus d'importance.

La Légion d'antimatière lança une invasion de grande envergure. Son père était aux commandes de l'armée pour protéger la capitale royale, refusant de reculer d'un pouce. Quand elle apprit que celui-ci mourut, Guenièvre s'évanouit. Quand elle se réveilla, elle était déjà à bord d'une navette spatiale. Ses frères et sœurs cadets sanglotaient à côté d'elle, tandis que son grand frère et sa grande sœur étaient fermement ligotés. Son deuxième grand frère lui dit d'un ton dépité : « Ne les détache pas tout de suite. Ils refusent de s'enfuir. »

Guenièvre regarda à travers le hublot. Sa mère, le dos tourné à la navette qui s'élevait lentement dans le ciel, était vêtue d'une armure et avait pris le commandement des serviteurs qui refusaient d'attendre la mort sans rien faire. Plus loin, les Rangers du néant étaient en train d'éventrer la demeure du Protecteur du royaume. Plus loin encore, des rues entières étaient en feu, les cadavres calcinés jonchaient le sol tels des amas de terre.

C'est ainsi que la jeune Guenièvre vit son monde se faire rayer de la carte de l'univers.

...

Je viens de cet autre monde que l'on nomme la Cour de Camelot, et mes frères et sœurs sont une dizaine au bas mot.
Nous vivions et dans la joie et la paix, sans nous attendre à ce que l'Instigateur de la Ruine vienne tout ravager.
Père et mère prirent les armes pour protéger le pays. Hélas, ils n'étaient qu'une goûte d'eau face au raz-de-marée de l'ennemi.
Mon grand frère nous emmena errer loin de nos racines, et notre route s'acheva sur une planète de la CPI remplie de sombres mines.
Grapiller pour survivre, tel était notre destin, la misère et la maladie constituaient notre quotidien.
Mon aîné, si laborieux, cachait un cœur timide sous un masque de fer, et fut forcé à embrasser la voie de la piraterie interstellaire.
Il ne pillait que les caravanes, jamais ne touchait-il aux logis d'innocentes âmes. On disait de lui qu'il était un héros parmi les bandits, qu'il détroussait les riches pour donner aux démunis.
Il réunit des centaines de misérables dont il se proclama le souverain, tout ça afin que ses frères et sœurs puissent avoir le ventre plein.

...

Quand Guenièvre était enfant, son père lui disait toujours que les hommes devaient vivre dignement. Mais qui pouvait se le permettre sur Hombert-σ ?

C'était une planète désolée. Des algues, des champignons et des lichens primitifs entretenaient une atmosphère à peine capable de soutenir la vie animale. Parmi les espèces endémiques qui s'obstinaient à proliférer dans ce monde, presque toutes constituaient de véritables menaces pour l'humanité.

Si la Corporation pour la Paix Interastrale n'avait pas découvert des minerais cachés dans le cœur de cette planète, aucun humain n'aurait accepté de s'y installer.

Guenièvre a passé toute son adolescence sur cette planète frappée par la pauvreté.

Elle était douée pour se faire des amis et s'entendait bien avec les autres enfants. Que ce soit le fils d'un sans-le-sou, la fille d'un réfugié, le frère d'un parieur, ou encore la sœur d'un meurtrier... Guenièvre n'avait que faire de l'origine des autres. Peu importe la famille dont ils étaient issus, sur cette planète, ils étaient tous égaux devant l'éventualité de ne jamais voir le lendemain arriver.

La CPI n'exerçait pas un contrôle très strict sur cet endroit. En dehors des pauvres âmes qui traînaient des dettes ou étaient poursuivies pour des crimes, les travailleurs ne voyaient pas leurs libertés être restreintes par la CPI, tant que ceux-ci payaient leurs impôts, même si cela signifiait qu'il ne leur restait pas même assez d'argent pour se payer un verre en ville après cela.

À la maison, son père était le soutien le plus ferme de la famille. Aujourd'hui, aussi bien le père que la maison ont disparu, et la responsabilité de s'occuper de la famille est retombée sur les épaules de l'unique adulte : le chevalier Mur-de-roc. Sa mère avait forcé ce vieux chevalier si fidèle à s'échapper avec les enfants quand ils durent partir. Quant à cette dernière, elle choisit de rester dans son pays natal, au milieu des ultimes cendres qui se déposaient sur les terres désormais infertiles.

Ce vieux chevalier était le partenaire de jeu le plus proche de son père, son plus courageux frère d'armes et son plus fidèle serviteur. Et désormais... Il était devenu un autre père pour ses enfants. Guenièvre ne parvint jamais à se souvenir de son nom. Elle connaissait mieux l'autre nom qu'ils lui donnaient : tonton Mur-de-roc.

Avec une dizaine d'enfants affamés sur les bras, les finances n'ont fait qu'empirer. Après une nuit de disputes, Mur-de-roc accepta à contrecœur que les trois aînés aillent travailler avec lui à la mine. Cependant, Guenièvre eut beau le supplier, il refusa catégoriquement de la laisser aller avec eux.

Les nuits se suivirent les unes après les autres. Mur-de-roc avait vieilli et perdu sa vitalité. Ses poumons étaient pleins de blessures inguérissables, et son dos ne se dressait plus aussi fièrement que par le passé. Ses mains, qui autrefois faisaient danser majestueusement un marteau cinétique sur le champ de bataille, étaient désormais déformées au point où il était incapable de tenir une simple clé.

Peu de temps après, il mourut.

Le mur était tombé. Il était tombé avant l'arrivée de l'aube, sans faire un seul bruit. Comme un château de sable s'effaçant au gré des marées. Comme les branches mortes des arbres tombant doucement au sol avec le vent d'hiver. Comme un dénouement qui était tout simplement inéluctable.

Seul le gel blanc existait au-delà du mur.

Les frères aînés de Guenièvre devinrent bientôt des pirates interstellaires, et elle put à nouveau manger à sa faim. Toutefois, elle était consciente qu'elle s'était éloignée des préceptes de son père et qu'elle se dirigeait vers une vie encore moins respectable.

Ainsi, quand les soldats de la CPI lui passèrent les menottes à elle et à ses frères et sœurs cadets pour qu'ils soient remis aux Chevaliers des nuages, Guenièvre poussa un long soupir de soulagement.

Les gens disaient que les habitants de Xianzhou étaient très aimables. Elle pensait donc que les Chevaliers des nuages permettraient à toute sa famille de mourir ensemble dignement.

...

Quant à mon frère, qui sait quelle mouche l'a piqué, il a abordé un navire marchand de Xianzhou pour le détourner.
Les gens de Xianzhou furent impitoyables face aux voyous, ils employèrent tous les stratagèmes pour les mettre à genoux.
Vaincu, il dût se soumettre avec modestie, en implorant les soldats de se montrer indulgents envers notre fratrie.
Les soldats firent preuve de la plus grande grâce, ils nous ramenèrent à Xianzhou, nous permettant de garder la face.
À mon frère, ils accordèrent le pardon, et à nous autres, ils permirent de faire de ce lieu notre nouvelle maison.
Les plus jeunes allaient à l'école pour apprendre leurs premières lettres. Moi, j'étais l'élève de mademoiselle Yo, qui tenait à ce que tout son savoir-faire puisse se transmettre.
Mon frère m'encourage à terminer ma formation et m'envoler loin d'ici, mais il serait cruel de m'enfuir sans remercier ceux qui m'ont rendue si épanouie.
Qui l'eut cru ? Dans cette Allée des aurums, mes talents brillent de tous feux ! Je ne suis plus cette orpheline démunie... La gloire, l'argent ? Je possède les deux !

...

« Vraiment désolée ! Je suis tombée sur un blessé sur la route, ça m'a retardée... Ah, Guigui, tu es toujours en train de chanter ? Bon, je me tais, alors.

– Ouais, la p'tite Sushie est là ! Les amis, laissez-moi vous la présenter. C'est notre invitée surprise de ce soir, la nouvelle prodige des Chevalier des nuages : Sushang ! Allez les amis, faites du bruit dans le chat pour souhaiter la bienvenue à miss Sushang ! »

– B—Bonsoir tout le monde, c'est moi, Sushang... Et toi, arrête de m'appeler la prodige ! Tu me fais passer pour ce que je ne suis pas. Si mon patron entend ça, il va me passer un savon à coup sûr.

– Un instant, Sushie, il manque la fin de ma chanson. Tu tombes bien, parce que ça va parler de toi ! »

...

Puis, je tombai nez à nez avec un voyou cherchant à me nuire, heureusement, une héroïne apparut, et son derrière il sentit frémir.
Vous me direz, qui donc peut être aussi valeureux et hardi ? Je vous répondrai que ce n'est nulle autre que ma copine Sushie !
Depuis ce jour, je n'ai plus jamais été seule sur le Luofu, j'ai une guerrière comme partenaire de mes petits crimes les plus fous.
Sans vous oublier, chers spectateurs, réunis dans cette assemblée, qui venez jour après jour écouter ces chants enjoués.
Pour vous, joyeux lurons, il faut plus d'une chanson pour vous satisfaire, car vous en redemandez toujours dans une clameur légendaire.
Je crains seulement que mes histoires ne soient trop ennuyantes et trop longues. Pour les finir, il me faudrait des journées entières avant d'être sauvée par le gong.
Pourquoi ne pas en rester là, et s'accorder un moment de répit ? Vous saurez la suite à la prochaine chanson, c'est promis !

...

« Super, super ! Un tonnerre d'applaudissements pour Guigui s'il vous plaît ! Par contre, je ne crois pas me souvenir de cette histoire d'héroïne qui vole à ton secours...

– Monsieur Xiyan m'a dit que les gens aimaient les histoires de héros qui volent au secours des princesses, c'est pour ça que j'ai ajouté cette partie. Si ça ne te plaît pas... Merci Chatatouille8190 pour le cadeau Truffie-Tempête ! C'est super sympa !

– Merci beaucoup... Peu importe la manière dont tu en parles dans ta chanson ! Tout ce que tu écris est amusant, de toute façon.

– Bien, maintenant que Sushie est là pour faire le Su-show, on va enfin pouvoir vous montrer le spectacle en duo qu'on a mis tant de temps à préparer. Allez, Sushie, passe-moi le cordophone, Guigui va vous chanter Teng Xiao pourfendant le Serpent !

– Cette partie n'est pas facile à interpréter.

– C'est vrai. N'importe quel spécialiste saurait que Teng Xiao pourfendant le Serpent contient des chants, de la musique et des scènes de combat. Une seule personne ne peut pas tout faire.

– Et c'est pour cette raison que je suis ici ! Bon, alors comment tu veux qu'on s'y prenne ?

– C'est simple : aujourd'hui, je jouerai le rôle de Teng Xiao, l'ancien général du Luofu. J'apporterai la paix à la nation et tout le monde devra s'incliner devant ma majesté.

– Et moi ?

– Tu vas jouer le rôle du serpent qui se fait pourfendre ! Où est-ce que tu crois aller comme ça, misérable serpent ? Goûte... à.. mon... épée !

– Aïe ! Ça fait mal... Attends un peu, Guinaifen, tu vas voir !  »